Les explications des experts Apave :
- Philippe Dubernet, Responsable développement Accompagnement Technique au sein de la Direction Opérationnelle Essais Mesures d’Apave
- Céline Granoux, Responsable du Développement AMO Labels / Certifications Environnementaux et Bâtiment.
Quels sont les enjeux sanitaires liés à la pollution de l’air des chantiers ?
Les chantiers de BTP sont reconnus pour leur contribution à la production de poussières, une source potentielle de pollution environnementale. Les principales sources de poussières sur les chantiers sont les activités de terrassement, de démolition, de concassage de matériaux et la circulation des véhicules.
Ces activités génèrent une grande variété de particules, allant des plus grossières aux plus fines, pouvant être dispersées sur de longues distances par le vent : il s’agit des particules fines. Ces particules sont différenciées selon leur taille car celle-ci est déterminante pour leurs effets sur la santé. Plus la taille est petite, plus les particules pénètrent dans le poumon profond.
Les particules totales en suspension (appelées TSP pour l’acronyme anglais Total Suspended Particles) regroupent l'ensemble des particules en suspension dans l’air, quelle que soit leur taille :
- les PM10, particules dont le diamètre aérodynamique est inférieur ou égal à 10 μm (microns),
- les PM2,5, particules dont le diamètre aérodynamique est inférieur ou égal à 2,5 μm,
- les particules ultra fines (PUF), particules dont le diamètre est inférieur à 0,1 µm.
Les risques pour la santé associés à l'inhalation de ces particules fines sont multiples, allant des irritations des voies respiratoires à des troubles cardiovasculaires, comme le montre le schéma ci-contre :
La nature et l’ampleur relative de ces émissions varient selon les types de chantiers.
Les chantiers génèrent également d’autres polluants qui ont eux aussi un impact sur la santé, tels que les Composés organiques volatils (COV), les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP), le Monoxyde de carbone (CO), les Oxydes d’azote (NOx), les Oxydes de soufre (SOx)…
Selon les inventaires d’émissions du Centre Interprofessionnel Technique d’Etudes de la Pollution Atmosphérique (CITEPA), les activités du BTP contribuent en France de manière significative aux émissions nationales de polluants, notamment pour les poussières (TSP 17 %), les particules fines (PM10 12 %, PM2,5 7 %) et les composés organiques volatils non méthaniques (COVNM, 9 %).
Il est essentiel que les entreprises du secteur de la construction prennent conscience de l'importance de surveiller de près les niveaux de pollution atmosphérique et adoptent des pratiques respectueuses de l'environnement. Cela permettra de garantir un environnement de travail sain, et de protéger ainsi les riverains.
Quelles mesures et quels dispositifs de surveillance pour maîtriser ces risques ?
Des mesures techniques simples peuvent être prises pour limiter les émissions de poussières : arrosage des zones émissives de poussières, limitation des vitesses de circulation des engins de chantier, couverture des matériaux en vrac… Ces mesures techniques s’accompagnent souvent d’une sensibilisation et d’une formation du personnel aux bonnes pratiques.
Concernant l’évaluation de ces risques, un dispositif de surveillance continu en temps réel de la qualité de l’air autour des chantiers est généralement mis en en place pour mesurer les niveaux de particules dans l'air, offrant ainsi la possibilité d'intervenir rapidement en cas de dépassement des seuils de sécurité.
Il existe plusieurs technologies de mesures avec des capteurs connectés, qui offrent des solutions de surveillance efficaces, conçues pour détecter les particules en suspension dans l'air.
Ces capteurs connectés présentent l'avantage d'être compacts, faciles à installer et à utiliser sur le terrain. On les qualifie souvent de "sentinelles de chantiers”. Ces sentinelles doivent être positionnées de façon stratégique en fonction des vents dominants et des zones sensibles à protéger autour du chantier (écoles, hôpitaux, habitations…).
Les mesures peuvent s’étaler sur toute la durée du chantier, ou se focaliser sur les phases considérées comme les plus émissives.
Existe-t-il des exigences spécifiques pour surveiller la qualité de l’air des chantiers ?
Nous retrouvons des exigences de surveillance de l’environnement des chantiers dans différents labels de construction existant en France : INTAIRIEUR, HQE , BREEAM… Ces labels ont un socle commun : consommer le moins d’énergie possible, mais aussi respecter l’environnement.
D’autres exigences environnementales sont mises en œuvre sous forme de « charte de la construction » par de nombreuses villes en France, s’inscrivant ainsi en cohérence avec les enjeux de la transition écologique et le respect de l’environnement.
Dès lors qu’un chantier a lieu dans l’environnement d’un établissement de santé, une surveillance s’impose. Expliquez-nous pourquoi ?
Les travaux et chantiers du BTP majorent considérablement le risque de contamination de l’environnement par les poussières, ce qui suscite une préoccupation particulière pour les établissements de santé accueillant des patients immunodéprimés. Les émanations importantes de poussières fines sont en effet susceptibles de véhiculer des micro-organismes dangereux, parfois mortels pour les patients, tels que les Aspergillus spp. Ces champignons filamenteux à croissance rapide sont largement répandus dans l'environnement.
Les infections à Aspergillus sont classées au premier rang en termes de gravité et au deuxième rang en termes de fréquence parmi les infections fongiques.
Les prestations CSPS intègrent très souvent le risque aspergillaire.
Comment Apave accompagne ses clients en matière de surveillance de la qualité de l’air des chantiers ? En quoi les systèmes capteurs apportent une solution pertinente ?
Nous prenons en charge la gestion et le suivi des campagnes de surveillance de la qualité de l’air pour le compte de nos clients.
En premier lieu, nous apportons des conseils sur la stratégie de mesure c'est-à-dire sur le choix du nombre et des emplacements des capteurs connectés. Nous mettons en place les capteurs connectés et les sécurisons. L’enregistrement a lieu en continu, avec un suivi et une compilation des données à distance. Une alarme est générée automatiquement en cas de dépassement des valeurs seuils.
Pour les surveillances de longue durée, nous assurons aussi la maintenance et l’étalonnage des capteurs en place. Nous produisons des rapports spécifiques et adaptés aux exigences des maîtres d’ouvrage. Notre accompagnement porte aussi sur l’interprétation des résultats et l’accompagnement de nos clients dans la mise en place d’actions préventives et correctives.
Enfin, nous pouvons être au côté des maîtres d’ouvrages pour la communication des résultats de mesure auprès des instances et des tiers
Être accompagné(e)
Nos équipes Essais & Mesures sont à vos côtés !
Accompagner les démarches construire propre et réhabiliter propre des maîtres d’ouvrages
Apave accompagne également les démarches ”construire propre” et “réhabiliter propre “des maîtres d’ouvrage en intégrant des critères sur la qualité de l’air, jusqu’à l’octroi de labels et certifications environnementaux intégrant comme grande thématique le respect d’exigences environnementales liées au “ chantier propre” autrement nommé “chantier vert “ ou encore “chantier à faibles nuisances”. Ces exigences s’appliquent aussi bien pour des projets de construction que des projets de rénovation /réhabilitation.
Les objectifs environnementaux poursuivis pour le chantier peuvent aller au-delà des dispositions réglementaires nationales ou locales et concerner le traitement de diverses nuisances et notamment les poussières et salissures mais aussi d’autres nuisances comme la réduction du bruit, la pollution des eaux et du sol, les flux, l’usage…. In fine les enjeux traités sont :
- Réduire les nuisances (bruit, poussières) causées aux riverains par le chantier
- Limiter les risques de pollution des eaux et du sol lors du chantier
- Trier et réduire les déchets de chantier, notamment compte-tenu de l’aspect réglementaire liée à la gestion des déchets, avec la REP PMCB (responsabilité élargie du producteur des produits et matériaux de construction du bâtiment).
Nous retrouvons dans les certifications BREEAM , HQE B/ HQE BD CERTIVEA , LEED, Démarche ECRAINS de l’ADEME, LABEL intAIRieur , etc des exigences liées au traitement de la nuisance “ poussières“, pouvant aller jusqu'à des mesures de poussières sur chantier, selon les niveaux recherchés.
Voici quelques exemples de mesures veillant à limiter la pollution de l’air et la dispersion des poussières :
- en période sèche, les travaux générateurs de poussières doivent être réalisés après arrosage superficiel
- les stockages de matériaux légers (bennes à déchets notamment) doivent être munis de couvercles ou de tout dispositif ayant les mêmes effets
- le nettoyage régulier du chantier et des voies d’accès
- l'humidification des voies de circulation et d’accès extérieures, lorsque cela est nécessaire, afin d’éviter la poussière. Ces voies sont nettoyées régulièrement afin de faciliter la circulation
- limiter l’envol des poussières, notamment par la présence de filtres à poussières pour l’outillage et toutes autres dispositions nécessaires (nettoyage périodique…)
- les matériels électriques seront préférés aux matériels thermiques.
Nous apportons notre soutien à différents secteurs d’activité tels que la santé, le BTP, les collectivités ou encore les entreprises industrielles qui entreprennent des travaux et s’inscrivent dans la gestion et la maîtrise de l’environnement.
Parmi nos missions significatives, nous sommes notamment intervenus sur le chantier du Grand Paris Express (2020) pour mesurer la qualité de l’air et prévenir tout risque d’intoxication.
Mesures de suivi environnemental (bruit, vibrations, air, eau) sur un chantier d’envergure
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