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[Parole client] Un départ d’incendie simulé et un exercice grandeur réelle dans l’entreprise Wichard (63)

Wichard, acteur majeur de la fabrication de pièces forgées, a engagé un exercice incendie sur son site de Thiers (63) avec la simulation d’un départ de feu et l’intervention du SDIS du Département. Minutieusement préparée avec Apave, cette expérience a permis d’évaluer la capacité à réagir de l’ensemble des équipes et d’en retirer des enseignements précieux pour mieux se protéger face au risque incendie. Robin Lamarque, animateur QHSE chez Wichard revient sur cette journée pas comme les autres.

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Tout d’abord, en quoi consiste l’activité du groupe Wichard et plus spécifiquement sur le site de Thiers ?

Le groupe Wichard est un fabricant d’équipements, parmi les leaders mondiaux sur le marché de la plaisance (fabrication et distribution d’accastillage, mâts, enrouleurs de voiles) et sur les marchés industriels et EPI (fabrication de pièces forgées de sécurité, de connectiques métalliques de cordes et d’injection plastiques). Le groupe fournit ainsi des secteurs d’activités aussi variés que l’industrie automobile, l’aéronautique, le secteur maritime, le médical…  Notre groupe emploie 650 personnes dans le monde. Nous disposons de 4 filiales aux Etats-Unis et en Australie et d’un réseau de distributeurs dans plus de 40 pays.

Sur notre site historique de Thiers, dans le Puy de Dôme, qui emploie 90 personnes, nous fabriquons des produits en fer forgé depuis 1919 avec pour spécialité la forge par estampage.

Pourquoi avoir souhaité organiser un exercice incendie avec simulation d’un départ de feu, quels étaient vos objectifs ?

L’exercice incendie est tout d’abord une obligation légale. Au titre du Code du Travail, nous sommes tenus de réaliser 2 exercices d’évacuation par an et par site.

Notre entreprise étant également certifiée ISO 14001, nous devons mettre en œuvre des exercices de situations d’urgence; les exercices incendie en font partie.

Nous réalisons donc des exercices incendie 2 fois par an, depuis une vingtaine d’années. Habituellement, les salariés étaient prévenus, mais depuis ma prise de poste il y a 3 ans, j’ai choisi de privilégier des exercices d’évacuation « surprises », avec l’accord de ma Direction, sans prévenir le personnel occupant les locaux.

Il y a un an, nous avons souhaité aller plus loin et faire intervenir un organisme tiers pour avoir un regard neutre sur nos scénarios d’incendie et sur le déroulement de l’évacuation. L’idée est d’aller au plus près de ce qui pourrait se passer en cas de réel incendie.

Nous avons donc contacté Apave courant 2023 pour réfléchir à un scénario d’exercice, associant également le SDIS local et répondant à plusieurs objectifs :

  • évaluer la réaction des salariés
  • évaluer le temps de réaction des pompiers et leur connaissance de notre site
  • mettre en situation le personnel et les différents acteurs en responsabilité en cas d’incendie (guides files, serre files, responsable d’évacuation en contact avec le SDIS), pour identifier si chacun assure pleinement son rôle en situation d’urgence 
  • avoir le point de vue d’Apave sur la façon dont l’exercice est réalisé et en tirer des enseignements utiles pour mieux nous protéger. 

L’objectif final est d’être capable de bien réagir pour limiter les dégâts potentiels que peut causer un incendie sur les personnes, les locaux et l’outil de travail

Comment avez-vous préparé cet exercice ? Quels étaient les acteurs impliqués pour la préparation ?

Au sein de notre entreprise, les seuls acteurs impliqués et informés était le Directeur de site Monsieur Godart et moi-même, justement pour préserver les conditions et l’effet d’un exercice inopiné.   

En dehors de notre entreprise, les acteurs impliqués dans la préparation étaient Apave (notre correspondant incendie et notre interlocuteur commercial) et le SDIS. C’est Apave qui a assuré la mise en relation avec le SDIS.

2 réunions avec Apave et le SDIS ont permis de définir le scénario de l’exercice : nous avons conjointement décidé de la date de l’exercice, du lieu du départ de la simulation d’incendie et défini le rôle de chacun. 

Apave a fourni tout le matériel de simulation d’incendie c'est-à-dire le matériel pour générer les fumées mais aussi les extincteurs qui avaient été positionnés à l’avance à la place de nos propres extincteurs, pour éviter d’avoir à utiliser notre matériel anti-incendie.

La préparation, très réfléchie et minutieuse, s’est étendue sur presque 1 an et l’un des enjeux a été de préserver la confidentialité du projet d’exercice. 

Comment concrètement s’est déroulé l’exercice ?

L’exercice a eu lieu la matinée du vendredi 29 mars sur notre site Wichard, à Thiers.

A 9 heures, Apave a déclenché un nuage de fumées opacifiantes (et bien entendu non nocives) pour simuler un départ d’incendie, à l’aide d’appareils à fumées et également de 2 fumigènes de 400 mètres cubes pour simuler les odeurs de fumées. Un simulateur de flammes a aussi été utilisé. 3 personnes d’Apave étaient présentes le jour de l’exercice.

Le départ d’incendie s’est fait au service maintenance, que nous avions choisi car il s’agit du service le plus à risque du fait de l’utilisation d’appareils de soudage et de chalumeaux.

Puis, nous avons laissé le process de l’entreprise s’enclencher pour voir comment réagissait le personnel et le matériel (alarmes) et identifier si nos procédures internes étaient bien connues et suivies. 

L’alarme incendie s’est bien enclenchée. Un des salariés a appelé le service d’appel des secours d’urgence. Le SDIS est intervenu comme s’il y avait un incendie : une dizaine de pompiers se sont rendus sur place, avec un fourgon incendie, une ambulance et le chef des opérations et de secours. Le Chef de la caserne était également présent en tant qu’observateur.

Un mannequin allongé au sol avait aussi été placé dans les locaux pour simuler un cas de malaise. L’objectif était d’identifier si les guides et serre-files allaient repérer sa présence et la signaler aux pompiers.

J’avais souhaité associer à l’exercice, en tant qu’observateur, des acteurs HSE d’autres entreprises locales, à titre de partage d’expérience.

Les représentants d’Apave présents ont pu observer l’exercice et ont réalisé des photos de l’évacuation et des locaux. 

Comment le personnel a-t-il réagi et quels enseignements retirez-vous de cet exercice en tant qu’animateur QHSE ?

90 personnes étaient présentes ce jour-là, le personnel des ateliers et des bureaux, et ont donc été évacuées.

Les personnes sont sorties dans le calme et relativement rapidement, en 5 minutes, au point de rassemblement. Il n’y a pas eu d’effet de panique. 

L’exercice a cependant permis de révéler des points faibles. Certains bons réflexes ont en effet échappé aux équipes tels que s’assurer de la fermeture des portes au moment de l’évacuation pour retarder l’effet d’un incendie et les dommages possibles aux biens matériels et à l’outil de travail. Nous envisageons donc une nouvelle formation des guides et serre-file.

Un autre point important a aussi été mis en évidence : la gestion du personnel extérieur en cas d’incendie. Un livreur a en effet pu déposer un colis dans nos locaux alors que l’exercice d’évacuation était en cours !

Quelle va être la suite ?

Nous envisageons à terme d’organiser de nouveaux exercices d’évacuation avec Apave sur notre 2ème site de Thiers, en travaillant sur des scénarios d’incendie différents (fumée seule, fuite de gaz) et en portant davantage l’attention sur la prise en charge d’une victime.

Un autre axe d’amélioration sera de travailler sur la capacité du personnel à maîtriser un petit foyer d’incendie dès l’apparition de fumées, avant de faire sonner l’alarme et d’enclencher l’évacuation.

Ces projets ne sont pas pour tout de suite, ils doivent être réfléchis et bien entendu rester confidentiels. J’envisage également de m’appuyer sur Apave pour les formations à venir des guides et serre-files.

Quels bénéfices retirez-vous de l'accompagnement Apave ?

Nos interlocuteurs Apave ont pris en considération l’ensemble de nos attentes, les miennes et celles de la Direction et se sont adaptés à la configuration de notre site pour préparer l’exercice.

L’équipe Apave a pris totalement en charge l’élaboration du scénario de l’exercice. En termes de temps passés, ma mobilisation en amont de l’exercice a donc été très limitée. Bien sûr, Apave a respecté la confidentialité de l’exercice, qui était indispensable.

Nous avons aussi eu la chance que l’intervenant Apave en charge du pilotage de ce projet soit également pompier bénévole, ce qui a permis de faciliter les relations avec le SDIS.

Le compte-rendu fourni par Apave va nous permettre de débriefer l’exercice dans le détail et de travailler en amélioration continue pour la suite.

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C’est la première fois que nous organisions un exercice incendie d’une telle ampleur, en grandeur réelle, jusqu’à l’intervention du SDIS. Nous sommes allés bien au-delà d’un exercice d’évacuation classique ! Nous avons pris le temps de la préparation et nos échanges réguliers avec nos interlocuteurs chez Wichard nous ont permis de nous adapter au contexte du site.

Cette simulation d’incendie a permis de voir que lors de l’évacuation les personnes se sont mises en sécurité, mais qu’il n’y a pas eu de précaution particulière pour protéger les biens c'est-à-dire l’outil de production. L’’exercice a révélé des points d’amélioration comme la gestion des ouvrants pour limiter la propagation des fumées. C’est ce type d’exercice qui permet justement de révéler que les procédures théoriques en place dans une entreprise, ne sont pas forcément appropriées dès lors qu’on est en situation réelle.

Claude Parret
Expert incendie - Apave Clermont-Ferrand