Avions de l'armée

Témoignage : Intégrer la maitrise des risques et la performance dans un projet à fort enjeu

A la UneRetour d'expérience client18/05/2021
L’ingénieur en chef de l’armement Sébastien, adjoint au sous-directeur des systèmes et techniques du MCO aéronautique de la Direction de la Maintenance Aéronautique (DMAé) du ministère des armées, revient sur une collaboration avec le Groupe Apave qui avait pour objectif d’améliorer la mise en œuvre de la navigabilité des aéronefs d’État.

Tout d’abord, en quoi consiste la mission de la DMAé, et dans quel contexte s’inscrit-elle ?

La mission de la DMAé consiste à assurer le soutien des avions, hélicoptères, drones et équipements de mission de l’État, un service apporté à quelques 1140 aéronefs de 44 types et générations différents.

 

La DMAé dispose d’une vision globale sur l’ensemble des prestations et actions nécessaires à la mise en vol des appareils, des sites industriels jusqu’au théâtres d’opérations. Elle contractualise et coordonne la maintenance des appareils depuis leur développement, jusqu’à leur démantèlement.

 

Le maintien en condition opérationnelle conditionne l’aptitude des armées à répondre aux enjeux opérationnels.

 

L’ambition de la DMAé est de garantir la disponibilité des aéronefs d’État, à coût maîtrisé, dans les meilleures conditions de sécurité.

Lorsque vous avez fait le choix d’être accompagné, quels étaient vos enjeux et vos priorités ?

Les armées se sont engagées depuis plus de 10 ans dans une vaste et profonde restructuration de leurs activités aéronautiques avec l’introduction d’une navigabilité d’État.

 

La navigabilité des aéronefs impose un cadre réglementaire contraint et sa mise en œuvre pour les aéronefs d’État est parfois complexe eu égard à la diversité des organismes impliqués. On observe des difficultés d’application de la réglementation, voire des surinterprétations, qui peuvent entraîner une baisse de la disponibilité des flottes ou occasionner une surcharge de travail. 

 

La navigabilité jouant un rôle structurant dans la conduite des activités de soutien, et donc pouvant influer sur leur performance, la DMAé a souhaité s’engager dans une démarche d’amélioration de sa mise en œuvre. 

 

Cette étude devait être confiée à un organisme externe maîtrisant les subtilités de la navigabilité et à même de proposer des solutions de rupture pour améliorer l’organisation de la navigabilité étatique et fluidifier ses processus.

 

L’étude devait englober le spectre complet des activités de navigabilité : conception, production, suivi de navigabilité, gestion du maintien de navigabilité, maintenance, formation. Ce périmètre mobilise un grand nombre d’acteurs du ministère des armées :

  • les utilisateurs d’aéronefs, que sont l’armée de terre, l’armée de l’air et de l’espace et la marine nationale, qui réalisent la maintenance des aéronefs sur leur site d’exploitation ;
  • La DMAé elle-même, qui passe des contrats relatifs à des prestations de soutien industriel et coordonne le maintien en condition opérationnelle ;
  • La DGA (Direction Générale de l’Armement) qui a en charge la définition des exigences techniques et l’acquisition d’aéronefs ;
  • La DSAÉ (Direction de la Sécurité Aéronautique d’État), dont le rôle est de vérifier la bonne application de la réglementation navigabilité.

En quoi a consisté l’accompagnement Apave et quelles ont été les principales étapes du projet ?

Hélicoptère de l'armée
Hélicoptère de l'armée
L’objectif principal de la contribution d’Apave a été d’analyser la mise en œuvre de la navigabilité au profit des armées en termes de processus et d’organisation (répartition des responsabilités et de la charge), puis de proposer des axes d’optimisation visant à corriger les difficultés relevées au cours de l’état des lieux. Ces axes d’amélioration ont été évalués en termes de gains espérés, de risques induits par leur mise en œuvre, et d’accessibilité (délai, complexité, moyens à mobiliser…), et documentés en termes de contenu et de phasage. De plus, les interactions entre les axes ont été soulignées (actions antagonistes, prérequis, en synergie…).

La prestation d’accompagnement du groupe Apave s’est articulée principalement autour de 2 grandes phases :


1. Une phase de diagnostic, qui a permis d’examiner les processus de navigabilité, d’évaluer comment les exigences réglementaires étaient mises en œuvre au sein de toutes les entités étatiques. Cette phase de diagnostic était orientée autour de 3 axes ou objectifs clés : la sécurité des aéronefs, leur disponibilité, et le coût économique.

 

Apave a établi une cartographie des processus métiers concernés et a identifié les difficultés au niveau de la mise en œuvre des processus de navigabilité, ainsi que leurs causes.

 

Le rapport de diagnostic remis par Apave a été validé en juillet 2020.

Il a notamment permis d’objectiver les causes des difficultés en explicitant notamment le champ des contraintes, préalable indispensable à l’émergence d’axes d’amélioration.

 

Le comité de pilotage, constitué de représentants de chacune des 6 parties prenantes (DSAÉ, DGA, armée de l’air et de l’espace, armée de terre, marine nationale et DMAé) a plébiscité le livrable établi par Apave, pour sa grande qualité, sa clarté, sa lisibilité et sa pertinence. L’analyse des différentes comparaisons notamment avec d’autres domaines réglementés (nucléaire, agro-alimentaire, médical) et leur intégration dans le rapport a été fortement appréciée.


2. Une phase de recommandations, qui visait à mettre en évidence les possibilités d’optimisation. 

 

Cette phase a débuté en septembre 2020 et le rapport de propositions d’axes d’amélioration a été validé en février 2021. Le comité de pilotage a salué à cette occasion l’ampleur et la qualité du travail réalisé par Apave. Il a notamment apprécié le regroupement des axes d’amélioration en feuilles de route qui a permis de mieux appréhender les enjeux.

 

La méthodologie déployée par Apave était notamment basée sur des apports de bonnes pratiques issues d’autres secteurs et proposait des recommandations formulées sous forme de fiches actions très concrètes et complètes.

 

Cette phase comportait également la réalisation d’une étude de faisabilité et d’un outil d’aide à la décision sur des sujets ciblés et importants pour le ministère des armées.

 

Une 3ème et dernière phase consistant à une aide à la mise en œuvre de certains axes d’amélioration proposés est actuellement en cours. 

Quels bénéfices avez-vous retiré de la prestation ?

Le regard externe à l’organisation apporté par Apave, étayé par la recherche constante d’une objectivation des ressentis, a permis de surpasser les biais de perception des différents acteurs et d’imposer le constat dressé comme la référence de l’état des lieux de la navigabilité étatique.

 

L’étude a permis de rapprocher les acteurs et d’engager une dynamique de transformation qui persiste à présent au sein de la communauté. 

 

Les propositions formulées conduisent à une reconsidération profonde des pratiques et à une réflexion sur l’ambition de déploiement de la navigabilité étatique.

Qu’avez-vous particulièrement apprécié dans la collaboration avec Apave ?

Apave dispose d’une pluralité de compétences qui a été particulièrement profitable pour l’étude : l’expertise pointue des référents navigabilité, le cadrage des référents méthode et les contributions d’acteurs d’autres secteurs réglementés ont globalement permis une prestation très cohérente, lisible et enrichie par le partage d’expériences variées.

 

L’investissement des collaborateurs Apave dans l’étude a été tout simplement remarquable. L’équipe Apave a prêté une grande attention à notre satisfaction en prenant en compte de manière réactive les observations ou suggestions formulées.

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