Usine d'incinération des déchets avec cheminées jaunes d'où sort de la fumée

Incinérateurs (Unité de valorisation thermique des déchets) : les nouveaux seuils d’émissions atmosphériques s’appliquent

A la Une04/01/2024
Damien Pétorin bénéficie de plus de 20 ans d’expérience dans les essais, les mesures et l’assistance technique liés à l’environnement et à l’énergie. Il est actuellement responsable d’unité dans ces domaines, pour Apave. Son expérience l’a conduit également à animer des formations dédiées aux inspecteurs de la DREAL concernant les mesures de rejets atmosphériques à l’émission. Il nous rappelle le contexte de l’abaissement des seuils d’émissions pour les exploitants d’Unité de Valorisation Energétique (UVE), ses conséquences et l’apport des essais de performance.

Dans quel contexte les seuils d’émissions atmosphériques des UVE (Unités de Valorisation Energétique) ont-ils été abaissés ?

La « directive IED » (Industrial Emissions Directive)* fixe des obligations en matière de prévention de la pollution de l’air, de l’eau et du sol provenant des installations industrielles les plus polluantes. L’une de ces obligations est de recourir aux Meilleures Techniques Disponibles (MTD) pour les installations dont les impacts sur l’environnement sont considérés comme significatifs.

Cette directive est transposée en droit français dans la réglementation des ICPE : les installations concernées par les exigences de mise en œuvre des MTD sont visées par une rubrique 3XXX dans la nomenclature des ICPE.

Ainsi, les exploitants d'installations d'incinération de déchets ménagers ou industriels (UVE : Unité de Valorisation Energétique) et de co-incinération de déchets, soumises à autorisation et classées selon la rubrique 3520 des ICPE, sont tenus de mettre en œuvre les meilleures techniques disponibles (MTD) pour l’incinération des déchets. Les prescriptions techniques spécifiques à respecter sont définies dans la Décision d’exécution européenne (UE) 2029/2010, et reprises en droit français par l’arrêté du 12/01/2021***.

Photo de Damien Pétorin responsable d'unité Apave
"Parmi les nombreuses dispositions de cet arrêté figure un abaissement significatif des valeurs limites d’émissions à l’atmosphère pour l’ensemble des polluants. Citons, pour les plus fréquents, les poussières, les oxydes d’azote, les dioxines et furanes, les oxydes de soufre et les COV (composés organiques volatils)."
Damien Pétorin
Responsable d’unité Essais Mesures AT - Environnement et énergie

Quels sont les nouveaux seuils d’émissions atmosphériques à respecter et dans quel délai ?

Les VLE (Valeurs Limites d’Emissions) sont passées, entre 2004 (arrêté du 20/09/2002) et 2023 (arrêté du 12/01/2021) :

  • de 10 à 5 mg/m3 pour les poussières
  • de 200 à 80 mg/m3 pour les oxydes d’azote (NOx)
  • de 0,1 à 0,06 ng/m3 pour les dioxines et furanes (PCDD/F)
  • de 50 à 30 mg/m3 pour les oxydes de soufre (SO2)

Les nouveaux seuils sont applicables depuis le 03/12/2023.

Quelles sont les conséquences pour les exploitants, comment peuvent-ils s’assurer du respect de ces nouvelles VLE ?

La France compte actuellement 119 UVE mises en service entre 1968 et 2021. Parmi elles, 104 ont été mises en service il y a plus de 20 ans.

Pour respecter ces nouveaux seuils : 

  • les installations d’incinération existantes doivent ou vont devoir modifier leurs installations de traitement des fumées en s’équipant d’équipements d’épuration plus performants. On parle alors de revamping de l’installation.  
  • les nouvelles installations (nouvelles usines ou nouvelles lignes au sein d’une usine existante) doivent s’équiper directement des technologies permettant de respecter ces niveaux d’émissions.

La réalisation d’une campagne de mesures de rejets atmosphériques permet de s’assurer du respect du niveau d’émission de polluants à l’atmosphère, notamment dans le cadre des contrôles réglementaires.

L’exploitant a une obligation de résultat (le respect des VLE) mais également de moyen (l’application des MTD). Les essais de performances viennent justement vérifier d’une part que l’obligation de résultats, en termes de respect des émissions, est bien respectée, et d'autre part que l’obligation de moyens (en termes de garantie contractuelle et de coûts d’exploitation associé) est respectée également.

La réalisation d’un essai de performance permet plus généralement à l’exploitant de s’assurer du respect des garanties annoncées par le constructeur et des coûts d’exploitation de l’UVE. Cet essai de performance est généralement réalisé à la réception de l’installation et il permet de finaliser le transfert de propriété.

En quoi consiste l’essai de performance (ou essai de garantie) ?

L’essai de performance (on parle aussi d’essai de garantie ou d’essai de réception) consiste à mettre en œuvre un ensemble de mesures pour vérifier les performances énergétiques et environnementales garanties par chacun des constructeurs, sur les équipements installés : fours, chaudières, filtres, échangeurs, laveurs de fumées, catalyseurs, turbo-alternateurs.

L’essai de performance se déroule en 3 étapes :

  • Définition des paramètres à vérifier
    Définition des paramètres à vérifier

    Et par voie de conséquence, des mesures et appareillages à mettre en œuvre pour réaliser l’essai de performance. Cette première étape se déroule plusieurs semaines avant la réalisation des essais, pour permettre aux différentes parties prenantes de valider le programme d’essai.

  • Installation et calibration des équipements de mesure sur site
    Installation et calibration des équipements de mesure sur site

    Il peut s’agir des équipements de mesure du prestataire chargé des essais et/ou des équipements de l’exploitant. Dure de quelques heures à quelques jours selon le périmètre de l’installation réceptionnée. Permet de valider les systèmes de comptage des polluants (analyseurs) et des énergies (vapeur, eau, air, électricité, ordures ménagères…).

  • Réalisation de l’essai de performance / réception en lui-même
    Réalisation de l’essai de performance / réception en lui-même

    Et vérification par calcul du respect de l’ensemble des garanties contractuelles telles que le rendement four/chaudière, la consommation en réactifs et utilités, la production de résidus, la valorisation énergétique…

  • Définition des paramètres à vérifier
    Définition des paramètres à vérifier

    Et par voie de conséquence, des mesures et appareillages à mettre en œuvre pour réaliser l’essai de performance. Cette première étape se déroule plusieurs semaines avant la réalisation des essais, pour permettre aux différentes parties prenantes de valider le programme d’essai.

  • Installation et calibration des équipements de mesure sur site
    Installation et calibration des équipements de mesure sur site

    Il peut s’agir des équipements de mesure du prestataire chargé des essais et/ou des équipements de l’exploitant. Dure de quelques heures à quelques jours selon le périmètre de l’installation réceptionnée. Permet de valider les systèmes de comptage des polluants (analyseurs) et des énergies (vapeur, eau, air, électricité, ordures ménagères…).

  • Réalisation de l’essai de performance / réception en lui-même
    Réalisation de l’essai de performance / réception en lui-même

    Et vérification par calcul du respect de l’ensemble des garanties contractuelles telles que le rendement four/chaudière, la consommation en réactifs et utilités, la production de résidus, la valorisation énergétique…

  • Définition des paramètres à vérifier
    Définition des paramètres à vérifier

    Et par voie de conséquence, des mesures et appareillages à mettre en œuvre pour réaliser l’essai de performance. Cette première étape se déroule plusieurs semaines avant la réalisation des essais, pour permettre aux différentes parties prenantes de valider le programme d’essai.

  • Installation et calibration des équipements de mesure sur site
    Installation et calibration des équipements de mesure sur site

    Il peut s’agir des équipements de mesure du prestataire chargé des essais et/ou des équipements de l’exploitant. Dure de quelques heures à quelques jours selon le périmètre de l’installation réceptionnée. Permet de valider les systèmes de comptage des polluants (analyseurs) et des énergies (vapeur, eau, air, électricité, ordures ménagères…).

  • Réalisation de l’essai de performance / réception en lui-même
    Réalisation de l’essai de performance / réception en lui-même

    Et vérification par calcul du respect de l’ensemble des garanties contractuelles telles que le rendement four/chaudière, la consommation en réactifs et utilités, la production de résidus, la valorisation énergétique…

Comment Apave accompagne les exploitants d’UVE ?

Apave intervient en tant que tierce partie indépendante et impartiale et bénéficie, de par son expérience, d’une reconnaissance technique forte pour la réalisation des essais de performance. 

Les ressources mobilisables par Apave sur les essais de performance sont significatives, tant humainement que matériellement. Les équipes mobilisées sur les campagnes d’essais peuvent compter jusqu’à une dizaine de personnes (ingénieurs et techniciens des domaines thermiques, environnement, acoustiques, électriques, …). Pour mener à bien les essais, Apave met en œuvre un pilotage d’affaire dédié, ce qui permet à l’exploitant d’avoir un interlocuteur unique depuis l’élaboration de l’offre jusqu’à la remise du rapport d’essai final.

Il faut rappeler aussi que les UVE valorisent l’énergie issue de la combustion des déchets, soit pour leur propre usage, soit pour la revendre aux collectivités (réseau de chauffage urbain), à EDF ou à d’autres industriels. Ces UVE doivent vérifier annuellement leur système de comptage de l’énergie valorisée pour bénéficier de l'exonération de la taxe sur les activités polluantes (TGAP). Apave réalise ces vérifications annuelles.

Nous pouvons aussi accompagner l’exploitant dans l’optimisation de son process, en cas de non-conformité ou pour optimiser les performances de son installation et ses coûts d’exploitation. Cet accompagnement s’appuie la plupart du temps sur des données concrètes mesurées dans les conditions réelles.

Apave réalise des essais de performance sur des UVE mais aussi sur tout type d’installations industrielles (installations de combustion, chaufferies, fours, échangeurs de chaleur, équipements de dépollution d’air ou d’eau) dès lors que l’objectif est d’améliorer leurs performances énergétiques ou environnementales.

Ces essais peuvent être réalisés en France ou à l’international. 

(*) Directive n°2010/75 du 24 novembre 2010 
(**) ICPE : Installations Classées pour la Protection de l’Environnement 
(***) Arrêté du 12 janvier 2021 relatif aux meilleures techniques disponibles (MTD) applicables aux installations d'incinération et de co-incinération de déchets relevant du régime de l'autorisation au titre de la rubrique 3520 et à certaines installations de traitement de déchets relevant du régime de l'autorisation au titre des rubriques 3510, 3531 ou 3532 de la nomenclature des installations classées pour la protection de l'environnement

Maîtriser la pollution atmosphérique
Les équipes Apave spécialisées en essais et mesures mettent en œuvre leur expertise et des moyens techniques performants pour vous permettre d’évaluer, de suivre et de réduire vos émissions atmosphériques.
Une Installation classée pour la protection de l'environnement
Maitriser les risques dans les ICPE
Les ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement) sont des exploitations industrielles ou agricoles susceptibles de présenter des risques ou de provoquer des pollutions ou nuisances pour l’environnement mais aussi pour la sécurité et la santé des riverains. Cette page vous propose une synthèse sur le contexte spécifique des ICPE et sur vos principales obligations, et nos conseils pour agir efficacement.

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